Inflammation et alimentation : ce qu'en disent les dernières avancées scientifiques
Avez-vous déjà entendu parler de la diète anti-inflammatoire? Bien populaire, cette dernière promet de soulager bien des maux en laissant planer que la consommation de certains aliments déclencherait une réponse inflammatoire ou bien que d’autres la préviendrait. De quelle manière l’alimentation est-elle liée à l’inflammation? Tour d’horizon sur les dernières avancées scientifiques au sujet de l’inflammation.
L’inflammation
Saviez-vous qu’environ 1,4 million de personnes seraient touchées par la maladie de Crohn ou par la colite ulcéreuse seulement aux États-Unis? Et, au pays, ce seraient environ 260 000 Canadiens qui en souffriraient. Cette prévalence élevée de cas pourrait être expliquée par plusieurs facteurs environnementaux et comportementaux dont le tabagisme, l’alimentation, la contraception, le stress, la dépression, et plus encore. Contrairement à la maladie de Crohn et la colite ulcéreuse, d’autres personnes sont également incommodées par les symptômes du côlon irritable, qui ne créent cependant pas de lésions intestinales. Ces maladies sont regroupées dans un spectre plus large qu’on désigne comme étant les maladies inflammatoires de l’intestin.
Inflammation et alimentation
La science moderne a permis d’établir un lien évident entre l’alimentation et les niveaux d’inflammation mesurés par différents marqueurs inflammatoires dans le corps telle que la protéine C-réactive. De ce fait, la consommation de fruits et légumes serait associée à la diminution de l’inflammation alors que la consommation de viande rouge serait plutôt liée à l’augmentation des concentrations des différents biomarqueurs de l’inflammation dans le sang. Cependant, les mécanismes permettant d’expliquer ces phénomènes demeurent nébuleux et plusieurs hypothèses sont encore étudiées. Parmi tous les nutriments étudiés se retrouvent entre autres les acides gras polyinsaturés oméga-3, les FODMAPs, les fibres alimentaires, les probiotiques et les antioxydants.
Les acides gras polyinsaturés oméga-3
Les études démontrent jusqu’à présent que les acides gras polyinsaturés oméga-3 d’origine marine exerceraient des effets bénéfiques sur la réduction des concentrations des différents marqueurs de l’inflammation. L’acide eicosapentaénoique (AEP) et l’acide docosahexaénoique (ADH) que l’on retrouve notamment dans les poissons gras ou dans les suppléments vendus en pharmacie, permettent l’inhibition de plusieurs réactions associées à l’état inflammatoire. Ces molécules permettent également d’augmenter les concentrations d’eicosanoïdes, de résolvines, de protectines et de marésines, qui ont des actions anti-inflammatoires ou un potentiel inflammatoire plus faible que lorsque les réactions proviennent d’autres acides gras. Bref, l’action anti-inflammatoire des oméga-3 est intéressante dans certains contextes et il importe de se renseigner auprès de son médecin qui pourra établir le bon dosage.
Les FODMAPs
Les FODMAPs (ou Fermentable Oligosaccharides Disaccharides Monosaccharides And Polyols) sont de petites molécules dérivées des glucides que certaines personnes pourraient avoir de la difficulté à absorber. Ces molécules se retrouvent dans plusieurs fruits à noyaux comme l’abricot, la cerise, la pêche et la prune, mais aussi dans les pommes, les fruits séchés, les mûres et le melon d’eau. Les FODMAPs sont aussi présents dans les légumes tels que l’ail, l’asperge, le chou-fleur, le maïs, l’oignon, les pois verts et le poireau ainsi que dans d’autres produits comme les produits laitiers, les légumineuses, l’alcool, certaines noix, les édulcorants et les produits de blé. Les FODMAPs se dirigent vers le gros intestin et entraînent avec eux une certaine quantité d’eau. Puis, un processus de fermentation par les bactéries naturellement présentes dans l’intestin s’amorce, ce qui a pour effet de produire des gaz. Selon certaines statistiques, un régime faible en FODMAP permettrait d’aider près de 50 % des individus touchés par le syndrome du côlon irritable en diminuant les douleurs abdominales, les crampes, les ballonnements, les gaz et la diarrhée. Selon une méta-analyse récente, le régime faible en FODMAPs n’aurait que très peu d’impact sur la constipation. Un des seuls bémols que l’on peut reprocher à ce régime est la restriction en inuline, une molécule qui appartient à une classe de fibres alimentaires appelées fructanes et qui agit comme prébiotique. Les prébiotiques sont bénéfiques à la santé intestinale puisqu’ils modifieraient la composition de la flore intestinale en permettant l’ajout de bactéries plus protectrices.
Les fibres alimentaires
Le rôle des fibres alimentaires n’est pas encore complètement élucidé lorsqu’on s’attarde à leur effet sur l’inflammation. En effet, une diminution de l’inflammation est observée suivant la consommation de fruits, de légumes, de noix et de produits à grains entiers, tous des aliments riches en fibres. Cependant, ces aliments contiennent aussi d’autres nutriments bénéfiques qui pourraient avoir, eux aussi, un impact sur positif sur les marqueurs de l’inflammation. Les fibres joueraient aussi un rôle de prébiotiques et favoriseraient la santé du microbiote intestinal en nourrissant les bonnes bactéries de l’intestin.
Les probiotiques
Les probiotiques, des micro-organismes vivants similaires aux bactéries qui colonisent l’intestin, joueraient un rôle sur la santé du microbiote et sur l’inflammation, mais plus particulièrement chez les individus atteints d’une colite ulcéreuse. Les probiotiques sont présents notamment dans le kéfir, le tempeh, le miso, le kimchi, la choucroute, plusieurs yogourts et sous forme de suppléments alimentaires. Les effets sont souvent dose-dépendants. Il est important de consulter un professionnel de la santé avant de prendre des doses élevées de probiotiques.
Antioxydant
Finalement, les molécules antioxydantes seraient potentiellement bénéfiques en lien avec l’inflammation puisque qu’ils combattraient le stress oxydatif, un phénomène qui engendre l’inflammation. Les antioxydants sont présents dans plusieurs aliments tels que les agrumes, les petits fruits, les épinards, les asperges, les carottes, les poissons gras et les légumineuses.
En somme, une saine alimentation riche en fruits et légumes, en aliments fermentés et faible en FODMAPs semblerait aider à la santé intestinale et permettrait de réduire l’inflammation associée aux maladies inflammatoires de l’intestin.
Familiprix en collaboration avec Hubert Cormier