Dépression : plus qu’un coup de pied au derrière
La dépression est encore trop souvent mal vue comme maladie mentale. Bien des gens ont tendance à penser qu’on peut s’en sortir en se donnant un coup de pied au derrière, alors qu’il n’en est rien. On savait déjà que la dépression avait un caractère héréditaire. Les travaux d’une équipe de Québec ont permis de découvrir un gène qui prédispose aux dépressions majeures. Cette découverte pourrait transformer la façon de diagnostiquer et de soigner cette maladie.
La dépression est une maladie mentale fréquente. On estime que 5 à 12 % des hommes et 10 à 25 % des femmes connaîtront au moins un épisode dépressif au cours de leur vie. Les gens qui en souffrent peuvent avoir une humeur dépressive, se sentir tristes et pleurer souvent, être fatigués et manquer d’énergie, ne plus éprouver d’intérêt et de plaisir à faire des activités autrefois appréciées, noter des changements importants dans leur appétit, leur poids et leurs habitudes de sommeil, être anxieux, avoir de la difficulté à se concentrer et à prendre des décisions, avoir l’impression qu’ils ne servent à rien et avoir des idées suicidaires.
Les gens qui sont atteints de dépression unipolaire présentent un amalgame de ces symptômes, tandis que ceux qui souffrent de dépression bipolaire présentent également des phases d’euphorie intense en alternance avec les épisodes dépressifs. Ces derniers sont plutôt atteints de maladie bipolaire, anciennement appelée maniaco-dépression.
Bien qu’on ait longtemps suspecté une cause héréditaire possible à la dépression, peu de preuves scientifiques soutenaient cette hypothèse. Or, les travaux d’une équipe de l’unité de recherche en neuroscience du Centre de recherche du CHUL à Québec pourraient changer notre perception de la dépression. Ils ont en effet découvert un gène qui prédisposerait aux dépressions unipolaires et bipolaires. Leurs résultats ont été corroborés par un centre de recherche allemand réputé.
Ce gène est présent normalement chez tout le monde. Pourtant, nous ne souffrons pas tous de dépression. C’est plutôt une mutation de ce gène qui rendrait les gens plus vulnérables à cette maladie. Ainsi, les personnes dépressives qui ont la mutation sur le gène identifié auraient davantage de risques de connaître plus d’un épisode dépressif au cours de leur vie.
Par contre, être porteur de la mutation ne signifie pas nécessairement qu’on souffrira à coup sûr de dépression. Il se pourrait, par exemple, que d’autres gènes soient impliqués dans l’apparition de cette maladie complexe. Les chercheurs croient également que l’exposition à des sources de stress intense ne serait pas étrangère au déclenchement de la dépression. Le stress a en effet des effets toxiques dans le corps. Des études récentes suggèrent qu’il y aurait une destruction de cellules dans certaines parties du cerveau lors de périodes de stress intense et prolongé et que le système immunitaire, le système de défense du corps, serait perturbé. Ainsi, on croit que certaines personnes porteuses de la mutation pourraient échapper à la dépression si elles ne vivent pas de stress intense.
Davantage d’études seront encore nécessaires pour mieux connaître cette maladie. Ces résultats ajoutent toutefois des preuves supplémentaires que la dépression n’est pas une faiblesse de caractère ni une preuve de paresse ou de manque de volonté. Des travaux de recherche comme ceux-ci devraient permettre de rectifier plusieurs fausses croyances, qui malheureusement peuvent empêcher une personne dépressive de consulter et de s’en sortir.