Une « super gonorrhée »;?
Un rapport publié aux États-Unis récemment a montré des signes clairs d’une possible résistance de la bactérie qui cause la gonorrhée. Aux États-Unis, cette possible résistance n’a été observée pour l’instant que sur des prélèvements analysés en laboratoire, mais quelques cas de résistance chez des hommes ou des femmes ont été répertoriés en Norvège et au Japon.
Le rapport américain a analysé les résultats de laboratoires sur une période de dix ans dans trente villes américaines. Il révèle une augmentation claire des signes de résistance chez la bactérie causant la gonorrhée, notamment une hausse de la dose d’antibiotique nécessaire pour la tuer.
La bactérie de la gonorrhée est particulièrement complexe et s’est montrée très habile aux cours des décennies pour développer une résistance aux différentes classes d’antibiotiques utilisées pour la traiter : pénicillines, tétracyclines et plus récemment fluoroquinolones ont toutes dû être abandonnées. Aujourd’hui, seuls les antibiotiques de la classe des céphalosporines sont encore capables de l’éradiquer.
Au Québec, le nombre de cas rapporté de cette infection transmise sexuellement (ITS) a connu une augmentation fulgurante de 100 % entre 2005 et 2009. Pour l’instant, aucun cas résistant n’a été identifié chez les personnes atteintes.
Pourquoi parler de cette résistance si elle n’est encore que « possible »;? Parce qu’une résistance peut s’installer relativement rapidement et que dans ce cas aucune autre classe d’antibiotique ne pourrait être utilisée. En sonnant l’alarme tôt, on espère que les sociétés pharmaceutiques qui travaillent sur la mise au point de nouveaux antibiotiques doubleront leurs efforts pour mettre sur le marché un produit efficace contre cette bactéries (et bien d’autres probablement). Il ne faut pas oublier que la mise au point d’un médicament peut prendre de 15 à 20 ans.
Il n'y a vraiment qu'une seule façon de se protéger contre la gonorrhée et les autres infections transmises sexuellement (ITS) : adopter systématiquement des pratiques sexuelles plus sûres, notamment en utilisant un condom lors de toutes relations sexuelles jusqu’à ce que les deux partenaires soient absolument sûrs de n’être porteurs d’aucun virus ou bactérie.
Plusieurs ITS ne causent presque pas de symptômes, il ne faut donc pas se contenter d’un « je le saurais si j’avais quelques chose»; lorsqu’on envisage une relation sexuelle avec un nouveau partenaire. Un test de dépistage est le meilleur moyen d’avoir l’heure juste.