Les fumeurs qui envisagent de cesser de fumer se tournent de plus en plus vers la cigarette électronique. Est-ce une bonne option?
Qu’est-ce qu’une cigarette électronique?
Alors que les premières cigarettes électroniques (CE) étaient conçues pour ressembler à une vraie cigarette, celles qui sont offertes sur le marché aujourd’hui ont des formes variées : certaines s’apparentent à un gros stylo, d’autres ressemblent à un cigare ou même à une pipe.
Il s’agit de dispositifs munis d’une cartouche dans laquelle on met un liquide (aussi appelé «jus»). Un atomiseur transforme le liquide en vapeur qui est inhalée par l’utilisateur. On appelle les utilisateurs de CE des «vapoteurs» et on dit qu’ils «vapotent».
Les dispositifs évoluent rapidement. Leurs composantes changent pour offrir une meilleure «expérience» de vapotage. Avec certains modèles, on peut maintenant personnaliser différents paramètres afin de modifier la vapeur qui est inhalée, notamment l’intensité de la saveur.
Que contient le liquide qu’on vapote?
Les ingrédients principaux des liquides à vapoter sont le propylèneglycol et la glycérine végétale. Il s’agit de liquides organiques incolores, pratiquement sans odeur et sans saveur.
On leur ajoute de nombreux arômes et (ou) de la nicotine. Le choix des arômes est extrêmement diversifié : fruits, bonbons, chocolats, desserts, etc. Certains liquides (avec ou sans nicotine) promettent une vapeur qui «goûte» comme des marques de cigarettes populaires.
La CE est-elle légale au Québec?
Au Canada et au Québec, la vente des produits du tabac est encadrée par plusieurs lois. Présentement, aucun manufacturier de cigarette électronique n’a demandé d’autorisation de vente. Par conséquent, en théorie, seuls les liquides sans nicotine peuvent être vendus de façon légale au pays. En réalité, il est possible d’acheter des liquides qui contiennent de la nicotine dans les boutiques spécialisées partout au pays. Toutefois, la vente en ligne des e-liquides est interdite au Québec, mais rien n’empêche les consommateurs de les acheter de sites situés ailleurs au Canada ou à l’étranger.
Depuis 2015, les produits de vapotage sont assujettis aux mêmes règles que les cigarettes. À cet effet, la règlementation interdit :
- la vente de cigarettes électroniques aux personnes de moins de 18 ans;
- la vente en ligne de cigarettes électroniques;
- la publicité en faveur des cigarettes électroniques (à l’exception d’une publicité diffusée dans des journaux ou magazines dont au moins 85 % des lecteurs sont majeurs);
- l’étalage des cigarettes électroniques dans les points de vente accessibles aux personnes de moins de 18 ans;
- l’accès aux boutiques spécialisées de cigarettes électroniques aux personnes de moins de 18 ans;
- l’utilisation des cigarettes électroniques dans les endroits où il est interdit de fumer. Il est toutefois possible, à l'heure actuelle, que les fabricants ajoutent de la saveur à leurs produits, ce qui n'est pas permis pour les produits du tabac.
La nicotine qu’on vapote est-elle moins nocive que celle qu’on fume?
Avec la cigarette traditionnelle, c’est la combustion du tabac qui produit des substances très toxiques pour l’organisme. Dans la cigarette électronique, il n’y a pas de combustion. Le liquide est transformé en vapeur. La chaleur nécessaire pour créer la vapeur est suffisante pour entraîner la création de substances potentiellement nocives pour la santé.
Peu d’études de qualité se sont penchées sur les effets de la CE sur la santé et leurs résultats n’ont pas toujours été concluants. Par exemple, certaines études n’ont montré aucun signe d’effets indésirables alors que d’autres semblent avoir détecté des microlésions à la muqueuse de la bouche.
Outre la qualité des études, il faudra surmonter deux principaux problèmes pour obtenir des réponses plus claires. Le premier, c’est le temps. Pour l’instant, les études sont de trop courte durée pour pouvoir détecter les problèmes pour la santé qui pourraient survenir avec un usage à long terme.
L’autre enjeu vient de l’évolution rapide des dispositifs et de la grande variété des liquides. Lorsqu’on fait une étude, les participants utilisent tous le même dispositif et le même liquide pour qu’on puisse comparer les résultats. Le problème, c’est qu’on ne peut pas généraliser ces résultats à l’ensemble des modèles de CE, ni même à l’ensemble des liquides, car il y a trop de différences qui pourraient influencer les résultats (notamment, la puissance des atomiseurs qui créent la vapeur et les nombreux ingrédients utilisés pour créer les différentes saveurs).
Saviez-vous que la nicotine liquide est un puissant insecticide?
La nicotine liquide est extrêmement toxique si elle est ingérée par la bouche ou si elle entre en contact avec la peau. Plusieurs cas d’intoxication, certains mortels, ont d’ailleurs été signalés, surtout chez des enfants. Comme les contenants de liquide n’ont généralement pas de bouchon à l’épreuve des enfants, il faut les placer hors de la vue et de la portée des enfants et des animaux, car ils peuvent être très attirants surtout s’ils sont aromatisés à une saveur plaisante pour ces derniers (p.ex. chocolat, bonbon). Il faut aussi éviter tout contact avec la peau et se laver les mains après avoir manipulé le liquide.
Si je vapote seulement des liquides sans nicotine, il n’y a pas de danger, non?
En fait, la réponse est «personne ne le sait vraiment». La chaleur nécessaire pour créer la vapeur peut entraîner la création de substances toxiques même avec des liquides sans nicotine.
De plus, comme l’Industrie de la cigarette électronique n’est pas réglementée, les fabricants ne sont pas tenus d’aviser les consommateurs si un changement est fait à la composition d’un liquide. Par conséquent, vous pourriez acheter le même produit pendant des mois, mais chaque bouteille pourrait contenir des ingrédients différents. Des études ont d’ailleurs montré qu’il n’est pas rare de trouver de la nicotine dans les produits étiquetés comme n’en contenant pas (ou des concentrations de nicotine différentes — plus élevées ou plus faibles — de celles marquées sur l’étiquette pour les liquides qui en contiennent).
Existe-t-il des études sur la cessation tabagique avec la CE?
Oui, quelques études ont été menées, notamment en Nouvelle-Zélande et en Angleterre. Le taux de succès avec la CE était généralement similaire à celui obtenu avec une autre aide antitabagique, comme les timbres de nicotine, surtout chez les participants qui utilisaient un liquide contenant de la nicotine. Avec les liquides sans nicotine, les résultats n’étaient pas clairs.
Par ailleurs, ces études étaient de courte durée (quelques semaines) et la plupart n’ont pas fait de suivi pour évaluer si les personnes qui ont réussi à arrêter de fumer ont fait une rechute ou sont demeurées abstinentes dans les mois ou les années qui ont suivi. Il est donc impossible pour l’instant de dire si la CE est une option plus, ou moins, efficace pour cesser de fumer que les options traditionnelles.
Vapoter ou ne pas vapoter?
Pour l’instant, les résultats contradictoires des quelques études dont nous disposons, ainsi que l’absence de réglementation, font pencher du côté de la prudence.
Si vous envisagez de vapoter afin de vous défaire de la cigarette, prenez le temps d’en discuter avec un professionnel de la santé, surtout si vous souffrez de problèmes de santé. Il vous aidera à peser les «pours» et les «contres» et à prendre une décision éclairée.
Peu importe la méthode choisie, préparez-vous bien avant d’arrêter : choisissez un moment propice et entourez-vous de personnes qui sauront vous encourager à persister.