Soins pré-opératoires - Comment se préparer à une intervention chirurgicale ?
Nombreux sont ceux qui subissent une chirurgie chaque année. Statistique Canada estime en effet que plus de 1,5 millions de Canadiens ont subi une chirurgie non urgente au cours de l’année 2004. Les chirurgies qui sont planifiées et prévues à l’avance (chirurgies non urgentes) sont souvent précédées d’un délai d’attente qu’il est utile de consacrer à la préparation préopératoire.
Qu’entend-on par préparation préopératoire ?
La planification de l’intervention, la gestion du transport, des congés, de la convalescence et des programmes de réadaptation sont quelques exemples d’éléments qui peuvent faire partie d’une préparation avant une chirurgie. Des différents aspects d’une bonne préparation préopératoire, l’aspect de la gestion des médicaments et de l’alimentation sera plus précisément décrit dans ce texte. Le lecteur doit cependant être conscient que la préparation à une chirurgie doit être individualisée en fonction des besoins spécifiques de chacun et du type d’intervention qui est planifiée. C’est donc dire qu’il y a presque autant de types de préparations différentes qu’il y a d’interventions chirurgicales, qu’il y a de patients. Ainsi, l’information fournie dans le texte qui suit peut ne pas s’appliquer à toutes les personnes.
La gestion des médicaments et de l’alimentation est un aspect important de la préparation d’un patient avant une chirurgie. En effet, il faut comprendre que l’alimentation, les médicaments ainsi que certaines habitudes de vie (tabac et alcool par exemple) peuvent avoir un impact sur le déroulement de l’opération.
L’alimentation
La plupart des interventions chirurgicales exigent que le patient soit à jeun, souvent à partir de minuit la veille de l’examen. On recommande parfois de s’abstenir de boire de l’alcool dans les 24 h à 48 h avant certains examens ou interventions. Dans le cas de chirurgies touchant l’intestin, la gestion de l’alimentation peut être plus stricte, exigeant par exemple une diète liquide ou hypo-résiduelle au cours des 24 à 48 h avant l’opération.
Comme son nom l’indique, la diète liquide ne permet que la prise d’aliment liquide, par exemple bouillon, jello, eau, jus sans pulpe. Pour sa part, le régime hyporésiduel est un peu moins contraignant puisqu’il permet la prise d’aliments solides. Toutefois, il faut éviter tout produit contenants des fibres comme certains produits céréaliers, les légumineuses ainsi que la plupart des fruits et des légumes crus ou cuits.
Les médicaments
Il est important de donner la liste de tous ses médicaments, y compris les médicaments vendus sans ordonnance et les produits naturels, à l’équipe soignante. Selon le cas, certains médicaments pourraient être cessés temporairement ou de façon définitive, et d’autres pourraient s’ajouter en prévision de l’intervention.
Dans la grande majorité des cas, on recommande de continuer la prise normale des médicaments dans les jours menant à l’intervention et le jour même de celle-ci. Les médicaments contre le diabète sont une exception à cette règle. Comme la prise à jeun de ces médicaments peut causer une réaction grave appelée hypoglycémie, les diabétiques doivent généralement s’abstenir de les prendre le matin de l’intervention. Ils pourront généralement les prendre dès qu’ils seront autorisés à manger.
Par ailleurs, certains médicaments doivent être cessés temporairement en prévision d’une intervention. Ainsi, les suppléments de fer peuvent devoir être cessés une semaine avant certaines interventions sur l’intestin, car ils pourraient colorés l’intestin et ainsi compliquer l’intervention.
Certains médicaments qui augmentent le risque de saignement, notamment les anticoagulants comme la warfarine et l’aspirine, peuvent aussi devoir être cessés avant une intervention. La conduite à suivre quant à l’usage de ces médicaments en période périopératoire est toutefois très variable et dépend de plusieurs facteurs tels le type de chirurgie et le risque de saignement du patient. De façon générale, on recommande habituellement de cesser tout médicament qui augmente le risque de saignement trois à cinq jours avant l’opération, et de le reprendre 24 à 48 heures après. Toutefois, dans le cas de chirurgies à faible risque de saignement comme une intervention dermatologique ou ophtalmique, il est possible que l’on décide de ne pas suspendre la prise de ces médicaments. Vérifiez toujours auprès de votre équipe soignante.
Il est également important de se rappeler que certains produits naturels peuvent augmenter le risque de saignement, tel l’ail, le gingembre, le ginseng et le ginko biloba. Ces produits devront probablement être cessés une à deux semaines avant l’intervention afin de minimiser les risques de complications dus à un saignement. Si vous prenez des produits naturels, n’oubliez pas de le mentionner à votre équipe soignante.
Certains médicaments peuvent être ajoutés spécialement en prévision d’une intervention afin de diminuer le risque de complications ou de la faciliter. Ainsi, on prescrit parfois un antibiotique pour prévenir une infection post-opératoire. Il faut généralement commencer à le prendre le matin de l’intervention et le poursuivre quelques jours après celle-ci. Des préparations laxatives, servant à « vider »; l’intestin, sont aussi fréquemment prescrites en préparation d’une intervention gastro-intestinale. Le choix de l’agent dépend entre autres du type d’intervention, du protocole de l’équipe soignante, et de certaines conditions particulières relatives au patient. Pour les personnes atteintes d’insuffisante rénale chronique, qui souffrent d’insuffisance cardiaque ou qui doivent suivre une diète faible en sodium, on portera une attention particulière au choix du produit.
Il est indispensable que le patient se conforme au protocole de préparation, qu’il le comprenne et qu’il le suive intégralement. Une mauvaise préparation du patient peut compromettre la qualité de l’intervention ou entraîner la reprise de la procédure. Les patients en attente pour une procédure chirurgicale ne doivent pas hésiter à consulter leur pharmacien en cas de doute ou s’ils ont des interrogations en ce qui a trait à la gestion des médicaments et aux différents protocoles préopératoires.
Différents comportements
Certains comportements peuvent influencer le cours de la chirurgie. Ainsi, les personnes qui présentent une dépendance à la nicotine ou à l’alcool doivent comprendre qu’elles ne pourront consommer durant la période de la chirurgie. Il est donc primordial d’aviser l’équipe soignante de cette situation afin que les dispositions nécessaires soient prises. Ainsi, on peut prescrire aux fumeurs des timbres de nicotine pour aider à maîtriser les symptômes de sevrage liés à leur abstinence forcée.
Finalement, rappelons qu’il est essentiel que le patient comprenne et suive à la lettre les instructions de l’équipe médicale afin de maximiser les chances de succès. La préparation avant la chirurgie est en fait un aspect essentiel de la chirurgie proprement dite. Il semble même que les patients qui sont préparés adéquatement avant une chirurgie, qui ont reçu toute l’information nécessaire pour bien comprendre ce qui leur arrive et qui font preuve d’une volonté de s’impliquer dans leur rétablissement se rétablissent mieux de l’intervention. Différentes études ont démontré qu’une préparation adéquate et complète du patient avant une chirurgie était associée à une diminution des complications, à un temps de séjour à l’hôpital plus court et à un taux de satisfaction du patient plus élevé.
Faire face à une chirurgie peut être intimidant, mais les membres de l’équipe soignante sont là pour vous aider à vous préparer adéquatement. Suivez toutes leurs instructions à la lettre et n’hésitez pas à les consulter si vous avez des questions ou des inquiétudes.