Peut-on prévenir les morts subites chez les athlètes?
En pleine partie de soccer, un jeune athlète s’effondre sur le terrain, sous les yeux terrorisés de ses parents. Trop tard : le sportif est décédé sur le coup d’une maladie cardiaque qui était passée jusque-là inaperçue aux yeux de tous.
Bien que ce phénomène soit extrêmement rare et touche un ou deux athlètes sur 200 000 chaque année, la mort subite chez des sportifs cause souvent un choc dans la communauté. La plupart de ces décès sont attribuables à des anomalies cardiaques ou de l’hypercholestérolémie familiale. Peut-on les prévenir? Il semble bien que oui. Un programme appliqué en Italie depuis 1982 aurait permis de diminuer sensiblement le nombre de décès par mort subite chez les jeunes athlètes.
Depuis 1982, l’Italie exige que tous les athlètes participant à des compétitions subissent un examen médical incluant un examen physique, l’évaluation des antécédents familiaux de maladies cardiaques et un électrocardiogramme. Ainsi, depuis 1979, le nombre de morts subites chez les athlètes italiens de 12 à 35 ans aurait chuté de 89 %, tandis que le nombre de décès inattendus chez les non-athlètes n’a pas diminué.
Il semble que la plupart des personnes qui sont décédées subitement avaient ressenti des symptômes qu’elles ont ignorés avant le jour fatidique. Ainsi, un sportif qui ressent des douleurs importantes au ventre ou à la poitrine devrait suspendre l’exercice physique intense et rencontrer un médecin.
Le Canada ne semble pas vouloir suivre l’approche italienne. Outre les coûts, on peut craindre que les personnes « refusées » délaissent complètement l’activité physique, augmentant alors leur risque de souffrir de maladies cardiaques plus tard. En effet, le programme italien a empêché environ 2 % des athlètes de participer à un sport de compétition. Est-ce qu’il vaut la peine de prévenir quelques décès sur les terrains de sport durant l’adolescence pour en causer beaucoup plus vers la quarantaine à cause de maladies cardiaques? Il s’agit d’un beau dilemme, surtout dans un contexte où l’Amérique du Nord risque de faire face à une diminution de son espérance de vie à cause de l’épidémie d’obésité qui prend toujours de l’ampleur.
Il faut néanmoins savoir que toutes les personnes sédentaires de plus de 50 ans devraient rencontrer un médecin avant de débuter un programme d’exercice. Par ailleurs, toutes les personnes plus jeunes qui ont des antécédents familiaux de maladies cardiaques ou de mort subite devraient aussi subir un dépistage pour anomalies cardiaques avant de s’entraîner sérieusement.