Les autistes interpréteraient difficilement la voix humaine
Des chercheurs français suggèrent que les personnes atteintes d’autisme souffrent d’une anomalie cérébrale qui modifie leur perception de la voix humaine.
Véritable casse-tête de symptômes et de causes possibles, l’autisme affecte près de 10 personnes sur 10 000, majoritairement des hommes. Détectable avant le troisième anniversaire d’un enfant, ce handicap fait partie des troubles envahissants du développement. Il se caractérise par des difficultés de communication importantes, la pauvreté des interactions sociales, les activités répétitives et l’attachement à la routine. Néanmoins, le caractère des autistes varie infiniment d’un individu à l’autre, comme chez toutes les personnes. Ces différences ne facilitent assurément pas la définition du handicap.
La voix humaine est riche en contenu verbal mais aussi « non verbal ». Étant spécifique à chaque individu, elle transmet beaucoup d’informations sur l’identité et l’état émotionnel de l’interlocuteur. Notre habilité à percevoir ces renseignements vocaux est primordiale dans nos interactions sociales. Les personnes atteintes d’autisme sont handicapées pour la compréhension du langage. Les concepts abstraits, telles les émotions, demeurent extrêmement difficiles à saisir pour eux.
Des chercheurs français viennent toutefois d’apporter un peu de lumière sur le mécanisme biologique de cette maladie. Le traitement cérébral qu’effectuent des autistes adultes de la voix humaine par rapport aux autres sons a été étudié à l’aide de l’imagerie fonctionnelle (IRM).
L’activité cérébrale de cinq autistes adultes et de huit volontaires sains a ainsi été enregistrée alors qu’ils écoutaient une trame sonore qui alternait des voix humaines, telles des pleurs, rires ou chants, et des sons, comme des voitures, animaux, cloches ou instruments de musique. Les chercheurs ont dénoté une absence d’activité de l’aire spécifique de perception de la voix chez les autistes. Leur cerveau est stimulé aux mêmes régions, que le son soit d’origine humaine ou autre. Par ailleurs, lorsqu’on a demandé aux gens « Qu’avez-vous entendu au cours de l’examen? », les volontaires sains ont rapporté avoir entendu des voix humaines dans 51,2 % des cas contre seulement 8,5 % pour les autistes. Ces résultats confirment une difficulté à reconnaître la voix humaine. Des études précédentes effectuées également à l’aide d’imagerie fonctionnelle avaient révélées un dysfonctionnement semblable pour la reconnaissance des visages.
La mise en évidence de ces troubles de perception pourrait guider les médecins dans l’élaboration de nouvelles thérapies destinées à apprendre aux personnes souffrant d’autisme à interagir socialement.