La chlamydia pourrait aussi rendre les hommes infertiles
Il est bien connu que la chlamydia, une infection transmise sexuellement (ITS) de plus en plus courante au Canada, peut rendre les femmes infertiles. Une étude menée en Europe sur plusieurs jeunes couples incapables de concevoir un enfant révèle que la chlamydia pourrait aussi mettre en danger la fertilité des hommes…
La chlamydia est l’infection transmise sexuellement (ITS) la plus répandue au Québec; on y dénombre effectivement plus de 2500 nouveaux cas chaque année. Si elle est si répandue, c’est surtout parce que cette infection est souvent asymptomatique : elle ne provoque aucun symptôme, ou se manifeste de façon si discrète que les personnes infectées ignorent sa présence, favorisant ainsi sa propagation. La chlamydia peut rester ainsi chez son hôte, sans causer de symptômes, durant plusieurs années, autant chez l’homme que chez la femme. Les conséquences d’une telle infection non traitée peuvent être très sérieuses. En effet, plusieurs couples infectés se verront incapables de concevoir un enfant. Parfois, le diagnostic de chlamydia se fait à la suite d’un dépistage lorsqu’un couple consulte pour infertilité. Cette ITS est en fait une des causes principales d’infertilité chez les femmes.
Jusqu’à maintenant, on croyait que l’infection asymptomatique à chlamydia n’entraînait des troubles de la fertilité que chez la femme. Toutefois, une équipe de chercheurs scandinaves et suédois se sont penchés sur la question et ont découvert que la chlamydia n’épargnait pas la fertilité des hommes. Une mesure des anticorps contre la chlamydia (indiquant une infection présente, persistante ou passée) a été effectué chez les quelques 250 couples participants, fertiles ou non. Ils ont observé les résultats suivants : dans les couples incapables de concevoir un enfant, 25 % des femmes et 20 % des hommes étaient porteurs d’anticorps tandis que seulement 15 % des personnes ayant déjà eu un enfant naturellement étaient ou avaient déjà été infectés par la chlamydia. De plus, une infection active (qui est traduite par la présence de l’ADN, ou matériel génétique, du germe dans l’urine) a été détectée chez environ 7 % des hommes et des femmes faisant partie des couples infertiles. À la lumière de ces résultats, les chercheurs ont avancé que la fertilité des hommes pourrait être elle aussi mise en danger par l’infection à chlamydia.
Chez les femmes, le mécanisme par lequel la chlamydia entrave la fertilité est bien connu : il s’agit d’un problème au niveau des trompes de Fallope qui empêche l’ovule fécondé de se rendre dans l’utérus pour s’y nicher. Chez l’homme, aucun mécanisme n’a pu être identifié, même si les résultats de l’étude ont permis de calculer qu’un homme infecté par la chlamydia voit ses chances de devenir père réduites du tiers.
Nous devrions être inquiets, surtout lorsqu’on sait que cette ITS est fréquente et même en expansion. Le dépistage de la chlamydia consiste en un test urinaire simple et sans douleur. De plus, le traitement antibiotique est remarquablement efficace, à condition que le, la ou les partenaires sexuels de la personne infectée subissent eux aussi un test de dépistage et qu’ils soient traités, le cas échéant. Le taux de retour à la fertilité après le traitement de l’infection est cependant inconnu. Toutefois, si l’infection est prise en charge assez tôt, les risques s’en trouveront certainement diminués. Il importe néanmoins de rappeler que la prévention de la chlamydia demeure le meilleur moyen d’éviter les conséquences qu’elle peut entraîner. À cet effet, l’utilisation adéquate du condom est la seule manière, outre l’abstinence, de prévenir les ITS!